lundi 10 mars 2008

Au royaume des chimères:actualité de Marx II

Après la théorie passons aux travaux pratiques pour comprendre de quoi peut bien nous parler concrètement ce monsieur dans la video donné en lien. "Aujourd'hui les gens sonts contraints,pour vivre,de produire des merdes.............des merdes". Oui mais tout est dans la quantité de merde que tu produits;essayons une petite histoire pour illustrer la terrible césure qui s'institue entre la logique economique qui est celle de la quantité de travail et les besoins que la vie porte en elle qui font se soulever de colère notre ladre,entre l'economie et la réalité. Aujourd'hui on peut estimer qu'entre 2 à 5% de la production agricole sert à alimenter finalement en bout de chaine les hommes (1).Ou va le reste?Une grande part de cette production sert d'abord à produire de la viande ,à alimenter les animaux;on peut estimer que pour produire 1kg de viande il faut environ 10 kg de grains;si on prend le champ de monsieur lazare(exemple fictif référence au lépreux des évangiles) qui produit une tonne à l'hectare ,on calculera qu'à la sortie de l'étable il ne nous reste déjà plus que 100 kilos de nourriture végétale consommable par l'homme sur la tonne produite le reste s'étant perdu dans la transformation végétal-animal. Qu'advient-il ensuite de nos 100 kilos sur pattes qui nous restent?Il faut d'abord suivre les différentes phases du processus de fabrication et de conditionnement de la viande jusqu'en bout de chaine son apparition sur les étals des temples de la consommation:transport,abattoir,grossiste,supermarché;à chacun de ces stades,on peut estimer qu'il y a encore une certaine déperdition pour diverses raisons(erreurs et scories dans la production et le conditionnement,date limite de consommation dépassée,consommateurs qui rechignent à acheter le produit estimé trop cher ou de qualité douteuse etc):la perte est diffile ici à chiffrer exactement ;si nous l'estimons autour de 20% (un peu plus ,un peu moins ne change pas le fond de l'affaire),il ne nous reste plus que 80 kg sur la tonne initiale qui pourra finir dans le métabolisme du consommateur;mais il faut encore en retrancher une part car le consommateur lui-meme pourra la jeter aux orties pour diverses raisons:il a oublié de la manger à temps,le marmot un peu difficile n'en veut pas,vous- en- reprendrez- bien-non-merci-j'ai-le-ventre-déjà bien-plein;soyons optimistes et retranchons 10% seulement des 80 kg qui nous restent;en bout de chaine,on pourra donc estimer que 7à8% de la production du champ de monsieur lazare a fini dans l'estomac des ladres. Dans tout cela,il faut encore tenir compte de deux choses; que le français moyen mange beaucoup trop de viande par rapport aux besoins en protéines de son organisme;on peut estimer que seuls 50% de la viande consommée répond à de réels besoins de l'organisme le reste étant en excédent ;ensuite plus généralement la suralimentation dans les pays industrialisés qui est un des facteurs de cette nouvelle pathologie qu'on appelle l'obésité. Bilan des courses:entre 3 et 5 % de la production initiale de monsieur lazare a eu finalement une destination répondant aux besoins de la vie humaine. Tout le reste s'est perdu dans l'atmosphère par la chaleur dégagée par les animaux(émanationde méthane facteur aggravant le réchauffement climatique);dans les nappes phréatiques par les déjections animales,dans les sols et l'air par les déchets liés à la production,au conditionnemnt et au surplus non-consommé,dans l'organisme des ladres sous forme d'excédent de graisse et de cholesterol et dans tout cela on n'a pas pris en compte tous les dégats collatéraux(utilisation massive d'engrais chimiques pour une culture productive du champ,cout énergétique lié au transport,emballage plastique pour le conditionnemnt). "Les gens aujourd'hui pour vivre sont contraints de produire de la merde.............de la merde".Du point de vue de la vie réelle tout cela apparait comme un gaspillage absolument démentiel d'énergie;certes,mon ladre,mais ce qui importe c'est la quantité de travail et de ce point de vue là,du point de cet ectoplasme economique,ce système est le bon:on ne va pas dire à monsieur lazare de renoncer à exploiter 97% de son champ sous prétexte,que pour la vie,c'est en pure perte car enfin ce qui importe c'est que monsieur lazare travaille son nombre d'heures et ne soit réduit au chomage;on a donc besoin pour maintenir la quantité de travail de monsieur lazare que 97 % de ce qu'il produit réellement se perdent dans la nature et contribue chaque jour un peu plus à produire des gros lards dans les rues et une montagne de merde que la nature doit digérer. Mais ce n'est pas tout:du point de vue de la logique economique cette quantité faramineuse de merde va générer une somme astronomique de quantité de travail:quantité de grossistes,d'employés de supermarché,d'éboueurs,de camionneurs, dans l'industrie de l'engrais et des instruments de production,dans la publicité,quantité de médecins,de dieteticiens,de banquiers pour financer toute cette gigantesque merde,des assureurs et aujourd'hui un nouveau marché porteur pour l'emploi celui de l'écologie non pas,évidemment pour réfléchir aux conditions qui permettraient de sortir de cette logique infernale,pour supprimer la merde, mais pour définir des moyens de la recycler. Dans les termes de la quantité de travail qui est aujourd'hui l'alpha et l'oméga des politiques libérales comme celle de notre gouvernement,ce système est comme on dit"générateur d'emplois" et le ladre qui dans la rue réclame sa quantité de travail et sa quantité de pouvoir d'achat est sa caution démocratique.Mais en réalité,ce système a l'aspect d'une folie de cette folie qui fait s'exclamer à celui qui est avant tout un vivant:"mais aujourd'hui les gens pour vivre sont contraints de produire de la merde". Cette situation folle trouve ,selon moi,sa raison ultime,dans le divorce initial et fondateur de l'economie et de la réalité que Marx a présenté sous la forme de la distinction entre le travail réel et son abstraction dans la représentation economique du travail. Marx:"le travailleur n'est plus ici que du temps de travail personnifié.Toutes les différences individuelles se résolvent en une seule;il n'y a plus que des temps entiers et des demi-temps" (Le Capital) pendant que s'amoncellent indifférement nos montagnes de merde...

(1)http://www.decroissance.info/article.php3?id_article=573

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