samedi 15 mars 2008

Les ectoplasmes de la pensée fast-food III

Règle 3 :la recette du roycco minute soupe. Les mass medias sont soummis à une contrainte déterminée dès lors qu'ils obéissent à des impératifs economiques ,en particulier du fait des recettes publicitaires dont ils dépendent;ceci se traduit très concrètement par cet impératif de produire le plus de "quantité de cerveau humain disponible" possible,soit ce qu'on appelle ,en terme politiquement correct ,la course à l'audimat. Un des effets les plus immmédiats concerne la temporalité très particulière propre aux mass médias qui est celle de l'urgence;il faut se dépecher pour produire l'info le premier,pour inventer un nouveau "concept" avant tout le monde.Question :comment une pensée qui prétend porter le titre de philosophique peut-elle exister dans cette temporalité propre aux médias de masse?Si Descartes nous a appris une règle essentielle de la pratique philosophique c'est celle de la lenteur ou négativement formulé,l'élaboration d'idées claires et distinctes,d'idées ayant une consistance philosophique est impossible dans la précipitation;je conclus trop vite lorsque je pense que 2+2=4 est une vérité indubitable;seule la lenteur dans la démarche a cette vertu de pouvoir mettre en question ce qui de prime abord paraissait persuasif. Les conditions de l'exercice de la pensée définissent donc une temporalité qui lui est propre et incompatible avec celle d'un mass média;produire le maximum de quantité de cerveau humain ,décrocher la timballe de l'audimat,recquiert une captation dudit cerveau qui se fasse instantanément ce qui requiert de donner à ce cerveau un produit qui soit immédiatement assimilable ,sans aspérité,sans la lenteur que réclamerait l'élaboration "d'idées claires et distinctes". La question qui s'impose partant de là touchant ce que sont "les penseurs" attitrés des mass médias c'est celle que Bourdieu formulait très exactement:"Il faut en effet se demander pourquoi ils sont capables de répondre à ces conditions tout à fait particulières,pourquoi ils arrivent à penser dans des conditions ou personne ne pense plus?(...)Pout etre capable de "penser" dans des conditions ou personne ne pense plus,il faut etre penseur d'un type particulier." On peut tenter une réponse:un tel penseur n'a plus le souci d'élaborer les "idées claires et distinctes" chères à Descartes ;un tel penseur fonctionne par "idées reçues";l'idée reçue a ce pouvoir que n'a pas l'idée claire et distincte de réaliser instantanément cette captation du "cerveau".Bourdieu encore:"Quand vous émettez une "idée reçue",c'est comme si c'était fait ;le problème est résolu.La communication est instantanée,parce que,en un sens elle n'est pas(...)A l'opposé ,la pensée est subversive :elle doit commencer par démonter les idées reçues et elle doit ensuite démontrer." Raison pour laquelle Bourdieu qualifie ces penseurs d'un genre très particulier de "fast thinkers" ,les penseurs-minute qui sont à l'exercice de la pensée ce que sont les fast-food à la grande gastronomie.La comparaison avec un James Stewart ou un Luky Luke hollywoodien n'est,en ce sens,pas si aberrante que cela si on veut bien lui donner ce sens:BHV l'homme qui pense plus vite que son ombre! BHV est bien un virtuose du "fast thinking" , accordons lui ce crédit:"Vous pouvez l’écrire, je considère que je suis l’écrivain le meilleur, l’essayiste le plus doué de ma génération. " (BHV 21.03.85); Evidemment,tenant compte de l'effet de cloture du champ qui est le sien ,il faut ajouter pour rectifier "dans l'espace médiatique". La rectte du roycco prend forme;il manque encore la règle suivante et on pourra délayer le sachet BHV dans le bol médiatique.

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