vendredi 14 mars 2008

Les ectoplasmes de la pensée fast-food I

règle 1 de l'ectoplasme pensant:occuper l'espace médiatique en faisant jouer son réseau de relations. Illustration:technique de vente de la dernière bafouille du BHV(1):c’est le 1er octobre 2007, dans l’émission de son ami Jean-Marie Colombani, « Faces à Faces », sur Public Sénat, que commence son marathon promotionnel.Le 4 octobre, au matin, on le retrouve chez son (autre) ami Jean-Pierre Elkabbach, sur Europe 1, radio amie puisque détenue par Arnaud Lagardère(BHV était un ami intime de Jean-Luc Lagardère, le père d’Arnaud.Le soir, c’est Frédéric Taddéï qui lui offre micro, caméras et projecteurs dans l’émission de papotage « Ce soir ou jamais » (France 3). Voilà pour l'apéritif ;arrive le plat de resistance à partir du 8 octobre date de la parution de sa bafouille;accrochez-vous:le 8 octobre, donc, Libération lui consacre un portrait et Elle une interview fleuve. Le même jour, il glose aussi dans Le Parisien. Le 9 octobre, Nicolas Demorand l’accueille à bras ouverts dans le 7-10 de France Inter ; puis BHV va répandre sa vase pubarde dans « Le grand journal », sur Canal + où Michel Denisot l’accueille avec les égards dus à un monument de la pensée mondiale; Le 10 octobre, il est tout aussi bien reçu par l’équipe des Matins de France Culture. Le 11 octobre, il se fait portraiturer dans VSD et donne un entretien (pas très) exclusif à Paris Match. Le 12 octobre, c’est le quotidien parisien 20 Minutes qui le questionne ; il est convié par le duo de choc Guillaume Durand/Sylvain Bourmeau pour parler de son livre dans « Esprits Libres » sur France 2. Le 14 octobre, Serge Moati, parce qu’il aime les défis, consacre au scribouilleur son émission « Ripostes » sur France 5 dans une « Spéciale BHV »,. Le même jour, c’est le quotidien lyonnais Le Progrès qui l’interviewe. Le 15 octobre, BHV est, à 8 heures, « L’invité du matin » de Christophe Barbier sur LCI. Le 16 octobre, il se produit dans la « Matinale » de Canal + ; puis, à 13 heures, il est invité dans le journal de i-tv avant d’être reçu, de 18 heures 15 à 18 heures 25, par Olivier de Lagarde pour l’interview politique sur France Info. Passons au déssert: le 18 octobre, le voilà pour servir sa bouillie dans l'émission phare de RMC : « Les grandes gueules » . Le 19 octobre, BHL ne peut refuser l’invitation de Thierry Guerrier pour « C à dire » sur France 5. Le 21 octobre, Christine Ockrent, le reçoit sur France 3. Café,digestif et petits chocolats compris avant que la panse n'éclate: le 23 octobre, il enchaîne à nouveau trois émissions. Débutant la journée dès 8 heures sur Radio Classique, il peut, ensuite, aller deviser avec Michel Field sur LCI avant se faire lustrer chez l’impertinent Marc-Olivier Fogiel dans « T’empêches tout le monde de dormir » sur M6. Le 27 octobre, en fin de tournée, il rend à nouveau visite à son ami Jean-Marie Colombani dans « La rumeur du monde » sur France Culture. Le 29 octobre, BHV est même reçu, par Patrick Poivre d’Arvor dans « Vol de Nuit », sur TF1. Le 31 octobre, il est l’invité de l’émission « Le bateau livre » sur France 5, le 1er novembre, il est sur France Inter dans « L’humeur vagabonde » et, le 3 novembre, il clôture ce marathon médiatique sur Paris Première dans « Ça balance à Paris » animée par Pierre Lescure. La question qui s'impose est de savoir par quels mécanismes un individu qui n'est reconnu par ses paires que comme un clown brassant du vide peut se voir offrir un tel espace de promotion au point d'etre représenté médiatiquement comme le modèle de l'intellectuel et le digne héritier d'une tradition remontant au moins à Socrate?C'est la question que Castoriadis posait déjà en son temps:" Sous quelles conditions sociologiques et anthropologiques, dans un pays de veille et grande culture, un “auteur” peut-il se permettre d’écrire n’importe quoi, la « critique » le porter aux nues, le public le suivre docilement – et ceux qui dévoilent l’imposture, sans nullement être réduits au silence ou emprisonnés, n’avoir aucun écho effectif ?... Que cette camelote doive passer de mode, c’est certain : elle est, comme tous les produits contemporains, à obsolescence incorporée." Ne nous reste-t-il que la maigre consolation de savoir que le temps comme pour tout ce qui concerne les oeuvres de l'art fera son oeuvre et finira inexorablement par renvoyer ces produits à date limite de consommation dans les décharges de l'histoire? N'en jetez plus et passons à la règle 2 tantot.

PS:Je remercie sur ce coup le site ACRIMED qui s'est donné la peine de suivre à la trace le BHV et duquel j'ai tiré son tsunami médiatique.

http://www.acrimed.org/article2748.html


(1)Déformation de BHL qui vise à faire apparaitre l'essence cameloteuse du phénomène répondant ainsi à l'heureux diagnostic que faisait déjà Guy Hocquenghem en 1986 : « Drogué aux médias, à la popularité, tu ne tiens qu’à l’applaudimètre. Ton inexistence morale, chevalier du vide, révèle l’inexistence, sous l’armure, des croisés de notre génération blanche. Et cette inexistence est inscrite en tes initiales, BHL. Tu n’as même pas de nom à toi, rien qu’un sigle, comme RATP ou SNCF. »

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